Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/105

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cachette. On se surprenait à sourire de ce qui jadis avait été terrible. La mansuétude de l’âge avait calmé les plus vives colères. La vie avait repris son cours, fermant les blessures, réparant les désastres, amortissant les regrets, ou les apaisant sous des regrets plus récents. On ne conspirait point, on médisait à peine, on attendait. Enfin, dans un coin du salon, il y avait une table de jeu pour les enfants, et c’est là que chuchotaient, tout en remuant les cartes, le parti de la jeunesse et les représentants de l’avenir, c’est-à-dire de l’inconnu.

Le jour même de ma rencontre avec Olivier, en rentrant du collége, je m’étais empressé de dire à ma tante que j’avais un ami.

« Un ami ! m’avait dit Mme Ceyssac ; vous vous hâtez peut-être un peu, mon cher Dominique. Savez-vous son nom ; quel âge a-t-il ? »

Je racontai ce que je savais d’Olivier, et le peignis sous les couleurs aimables qui à première vue m’avaient séduit ; mais le nom seul avait suffi pour rassurer ma tante.

« C’est un des plus anciens noms et des meilleurs de notre pays, me dit-elle. Il est porté par un homme pour lequel j’ai moi-même beaucoup d’estime et d’amitié. »