Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chose très-sérieuse dans la conduite générale d’un homme de bon ton ; mais, une fois la toilette admise, il n’y pensait plus, et c’eût été lui faire injure que de le supposer préoccupé de sa mise au delà du temps voulu par les soins ingénieux qu’il y donnait.

« Allons jusqu’aux boulevards, me dit-il en s’emparant de mon bras. Je désire que tu m’accompagnes, et voici la nuit. »

Il marchait vite et m’entraînait comme s’il eût été pressé par l’heure. Il prit le plus court, traversa lestement les allées désertes et me conduisit tout droit vers cette partie des avenues où l’on se promenait l’été à la nuit tombante. Il y avait une certaine foule, ce qu’une très-petite ville comme Ormesson comptait de plus mondain, de plus riche et de plus élégant. Olivier s’y glissa sans s’arrêter, les yeux en éveil, excité par une secrète impatience qui l’absorbait au point de lui faire oublier que j’étais là. Tout à coup il ralentit le pas, se raffermit à mon bras pour se contraindre à modérer je ne sais quelle enfantine effervescence qui sans doute aurait manqué de mesure ou d’esprit. Je compris qu’il était au bout de ses recherches.

Deux femmes se dirigeaient vers nous, au bord de l’allée et assez mystérieusement abritées sous