Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/171

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pardon à la mémoire d’un cœur irréprochable, incapable de détour et de trahison, son sourire avait à son insu des significations si cruelles qu’il acheva de me bouleverser. Elle fit un geste pour se pencher vers moi. Je ne sais plus ni ce que je lui dis, ni ce qu’elle ajouta. Je vis ses yeux effrayants de douceur tout près des miens, puis tout cessa d’être intelligible.

Quand il me fut possible de me reconnaître au milieu d’un cercle d’hommes et de femmes parées qui m’examinaient avec un intérêt indulgent capable de me tuer, je sentis que quelqu’un me saisissait rudement ; je tournai la tête, c’était Olivier.

« Tu te donnes en spectacle ; es-tu fou ? » me dit-il assez bas pour que personne autre que moi ne l’entendît, mais avec une vivacité d’expression qui me remplit d’épouvante.

Je restai quelques instants encore contenu par la violence de son étreinte ; puis je gagnai la porte avec lui. Arrivé là, je me dégageai.

« Ne me retiens pas, lui dis-je, et au nom de ce qu’il y a de plus sacré, ne me parle jamais de ce que tu as vu. »

Il me suivit jusque dans la cour et voulut parler.

« Tais-toi », lui dis-je encore, et je m’échappai.

Aussitôt que je fus rentré dans ma chambre et