Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/208

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fatigues. Je lui promis d’ailleurs de changer de conduite. Nous avions le même monde ; j’avais le plus grand tort de n’y jamais aller. Il était de mon devoir de m’y faire connaître et de ne pas me singulariser par un éloignement systématique. Je lui dis une foule de choses sensées, comme si la raison m’était subitement revenue. Et comme il subissait lui-même l’influence d’un épanchement qui semblait nous rendre tous les deux ensemble plus souples, plus conciliants et meilleurs, je parlai de lui, de sa vie presque entièrement passée loin de moi, et me plaignis de ne pas mieux savoir ni ce qu’il faisait, ni s’il avait des raisons d’être satisfait.

« Satisfait est le mot, me dit-il avec une expression à moitié comique. Chaque homme a le vocabulaire de ses ambitions. Oui, je suis à peu près satisfait dans ce moment, et si je m’en tiens à des satisfactions qui n’ont rien de chimérique, ma vie se passera dans un équilibre parfait et sera comblée jusqu’à satiété.

— As-tu des nouvelles d’Ormesson ? lui demandai-je.

— Aucune. Tu sais comment l’histoire a fini.

— Par une rupture ?

— Par un départ, ce qui n’est pas la même