Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

assez inquiétantes. Les jours suivants, je m’observai davantage encore, et j’eus la joie de retrouver la confiance de Madeleine et de me tranquilliser tout à fait.

Je passai les derniers moments qui nous restaient à rassembler, à mettre en ordre pour l’avenir toutes les émotions si confusément amassées dans ma mémoire. Ce fut comme un tableau que je composai avec ce qu’elles contenaient de meilleur et de moins périssable. Ce dernier nuage excepté, on eût dit, à les voir déjà d’un peu loin, que ces jours cependant mêlés de beaucoup de soucis n’avaient plus une ombre. La même adoration paisible et ardente les baignait de lueurs continues.

Madeleine me surprit une fois dans les allées sinueuses du parc, au milieu de mes réminiscences. Julie la suivait, portant une énorme gerbe de chrysanthèmes qu’elle avait cueillie pour les vases du salon. Un clair massif de lauriers nous séparait.

« Vous faites un sonnet ? me dit-elle en m’interpellant à travers les arbres.

— Un sonnet ? lui dis-je ; à quel propos ? Est-ce que j’en suis capable ?

— Oh ! pour cela oui, » dit-elle en jetant un petit