Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/288

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rendue trop lourde et qui vous tuerait. Que je souffre ou non, cela me regarde. Mon soulagement viendra de moi ; mes misères me concernent, et quelle qu’en soit la fin, elle n’atteindra plus personne. »

Elle m’écouta d’abord sans répondre, comme réduite à cet état de faiblesse maladive ou de fragilité enfantine qui nous rend incapables de comprendre certaines idées fortes et de nous résoudre.

« Séparons-nous, lui dis-je, pour tout à fait ! Oui, séparons-nous, cela vaudra mieux. Ne nous voyons plus, oublions-nous !… Paris nous désunira bien assez, sans que nous mettions entre nous des lieues de distance. Au premier mot de vous qui m’apprendrait que vous avez besoin de moi, vous me trouverez, je serai là. Autrement…

— Autrement ? » dit-elle en se réveillant lentement de sa torpeur.

Elle mit quelques secondes à retourner dans son esprit ce mot qui nous menaçait tous les deux d’un adieu définitif. D’abord, il n’eut pas l’air d’avoir un sens bien compréhensible.

« C’est vrai, reprit-elle, je suis un bien mauvais soutien, n’est-ce pas ? un raisonneur fatigant, un ami peut-être inutile… »

Puis, elle eut l’air de chercher des issues diffé-