Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/300

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Dans la matinée il revint.

« Je suis libre aujourd’hui, me dit-il d’un air rayonnant, et j’en profite pour aller chez moi. Le temps est fort laid : vous sentez-vous de force à m’accompagner ? »

Il y avait plusieurs jours que je n’avais vu Madeleine. Tout écart entre des rencontres qui n’amenaient plus que des malentendus blessants ou des susceptibilités désolantes, me paraissant une occasion bonne à saisir :

« Je n’ai rien qui me retienne à Paris aujourd’hui, dis-je à Augustin, et je suis à vous. »

Il habitait une maison isolée sur la limite d’un village, mais aussi près que possible des champs. La maison était fort exiguë, garnie de volets verts et d’espaliers disposés entre les fenêtres, le tout propre, simple, modeste comme le maître lui-même, avec cette absence de bien-être qui n’aurait rien fait préjuger chez Augustin garçon, mais qui, dans son ménage, annonçait immédiatement la gêne. Sa femme était, comme il me l’avait dit, une très-agréable jeune femme ; je fus même étonné de la trouver beaucoup plus jolie que je ne l’avais supposé d’après les opinions systématiques d’Augustin sur les agréments extérieurs des choses. Elle sauta avec une surprise joyeuse au cou de son