Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/314

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« Que veux-tu que j’y fasse après tout ? continua-t-il. C’est une situation absurde ; il y a d’autres situations qui le sont au moins autant que celle-ci.

— Ne parlons pas de moi, lui dis-je en lui faisant comprendre que mes propres affaires n’étaient point en jeu, et que récriminer n’était pas se donner raison.

— Soit ; c’est à celui qui se trouve en peine de s’en tirer, sans prendre exemple sur autrui ni consulter personne. Eh bien ! moi, je n’ai qu’un moyen d’en sortir, c’est de dire non, non, toujours non !

— Ce qui ne remédiera à rien, car tu dis non depuis que je te connais, et depuis que je connais Julie, elle veut être ta femme. »

Ce dernier mot lui fit faire un soubresaut de véritable terreur ; puis il partit d’un éclat de rire, dont Julie serait morte, si elle l’eût entendu.

« Ma femme ! reprit-il avec une expression d’inconcevable mépris pour une idée qui lui semblait de la démence. Moi ! le mari de Julie ! Ah çà ! mais tu ne me connais donc pas, Dominique, pas plus que si nous nous étions rencontrés depuis une heure ? D’abord je vais te dire pourquoi je n’épouserai jamais Julie, et puis je te dirai pourquoi je n’épouserai jamais qui que ce soit. Julie est ma cou-