Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/341

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J’avais eu d’autres déceptions plus cruelles ; celle-ci ne me causa pas la plus petite amertume. D’ailleurs c’était à peine une déception.

Beaucoup de gens auraient jugé cette situation plus que satisfaisante. Je la considérai tout différemment. Ce petit monstre moderne qu’Olivier nommait le vulgaire, qui lui faisait une si grande horreur, et qui le conduisit vous savez où, je le connaissais, tout comme lui, sous un autre nom. Il habitait aussi bien la région des idées que le monde inférieur des faits. Il avait été le génie malfaisant de tous les temps, il était la plaie du nôtre. Il y avait autour de moi des perversions d’idées dont je ne fus pas dupe. Je ne regimbai point contre des adulations qui ne pouvaient plus en aucun cas me faire changer d’avis ; je les accueillis comme la naïve expression du médiocre avait rendu le goût indulgent et émoussé le sens acéré des choses supérieures. Je trouvais l’opinion parfaitement équitable à mon égard, seulement je fis à la fois son procès et le mien.

Je me souviens qu’un jour j’essayai une épreuve plus convaincante encore que toutes les autres. Je pris dans ma bibliothèque un certain nombre de livres tous contemporains, et, procédant à peu