Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/37

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Il y avait juste un an que j’avais mis le pied dans Villeneuve pour la première fois, quand j’y revins attiré par une lettre du docteur, qui m’écrivait : « On parle de vous dans le voisinage, et l’automne est superbe, venez. » J’arrivai sans me faire attendre, et quand un soir de vendanges, par une journée tiède, par un soleil doux, au milieu des mêmes bruits, je montai sans être annoncé le perron des Trembles, je vis bien que l’union dont je parle était formée, et que l’ingénieuse absence avait agi sans nous et pour nous.

J’étais un hôte attendu qui revenait, qui devait revenir, et qu’un usage ancien avait rendu le familier de la maison. Ne m’y trouvais-je pas moi-même on ne peut plus à l’aise ? Cette intimité qui commençait à peine était-elle ancienne ou nouvelle ? C’était à ne plus le savoir, tant l’intuition des choses m’avait longuement fait vivre avec elles, tant le soupçon que j’avais d’elles ressemblait d’avance à des habitudes. Bientôt les gens de service me connurent ; les deux chiens n’aboyèrent plus quand je parus dans la cour ; la petite Clémence et Jean s’habituèrent à me voir, et ne furent pas les derniers à subir l’effet certain du retour et l’inévitable séduction des faits qui se répètent.