Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/56

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dois peut-être à ces essais manqués, comme beaucoup d’autres, un soulagement et des leçons utiles. En me démontrant que je n’étais rien, tout ce que j’ai fait m’a donné la mesure de ceux qui sont quelque chose. Ce que je dis là n’est qu’à demi modeste ; mais vous me pardonnerez de ne plus distinguer la modestie de l’orgueil, quand vous saurez à quel point il m’est permis de les confondre. »

Il y avait deux hommes en Dominique, cela n’était pas difficile à deviner. « Tout homme porte en lui un ou plusieurs morts », m’avait dit sentencieusement le docteur, qui soupçonnait aussi des renoncements dans la vie du campagnard des Trembles. Mais celui qui n’existait plus avait-il du moins donné signe de vie ? Dans quelle mesure ? à quelle époque ? N’avait-il jamais trahi son incognito que par deux livres anonymes et ignorés ?

Je pris ceux des volumes que Dominique n’avait point ouverts : cette fois le titre m’en était connu. L’auteur dont le nom estimé n’avait pas eu le temps de pénétrer bien avant dans la mémoire des gens qui lisent, occupait avec honneur un des rangs moyens de la littérature politique d’il y a quinze ans. Aucune publication plus ré-