Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus aléatoire de tous, disait-il, qui n’est excusable que par la valeur, le nombre, l’ardeur et la sincérité des illusions qu’on y engage, et qui ne devient amusant que lorsque de part et d’autre on y joue gros jeu.

Et comme on s’étonnait de le voir s’enfermer à Orsel, dans une inaction dont ses amis s’affligeaient, à cette observation, qui n’était pas nouvelle, il répondit :

« Chacun fait selon ses forces. »

Quelqu’un dit :

« C’est de la sagesse.

— Peut-être, reprit d’Orsel. En tout cas, personne ne peut dire que ce soit une folie de vivre paisiblement sur ses terres et de s’en trouver bien.

— Cela dépend, dit Mme de Bray.

— Et de quoi, je vous prie, madame ?

— De l’opinion qu’on a sur les mérites de la solitude, et d’abord du plus ou moins de cas qu’on fait de la famille, ajouta-t-elle en regardant involontairement ses deux enfants et son mari.

— Vous saurez, interrompit Dominique, que ma femme considère une certaine habitude sociale, souvent discutée d’ailleurs, et par de très-bons esprits, comme un cas de conscience et comme un acte obligatoire. Elle prétend qu’un homme