Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/96

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vue, des vestibules sonores, un escalier de pierre tournant dans une cage obscure, et trop peu de gens pour animer tout cela. On y sentait la froideur des mœurs anciennes et la rigidité des mœurs de province, le respect des habitudes, la loi de l’étiquette, l’aisance, un grand bien-être et l’ennui. À l’étage supérieur, on avait vue sur une partie de la ville, c’est-à-dire sur des toitures fumeuses, sur des dortoirs de couvent et sur des clochers. C’est là qu’était ma chambre.

Je dormis mal, ou je ne dormis pas. Toutes les demi-heures ou tous les quarts d’heure, les horloges sonnaient chacune avec un timbre distinct ; pas une ne ressemblait à la sonnerie rustique de Villeneuve, si reconnaissable à sa voix rouillée. Des pas résonnaient dans la rue. Une sorte de bruit pareil à celui d’une crécelle agitée violemment retentissait dans ce silence particulier des villes qu’on pourrait appeler le sommeil du bruit, et j’entendais une voix singulière, une voix d’homme lente, scandée, un peu chantante, qui disait, en s’élevant de syllabe en syllabe : « Il est une heure, il est deux heures, il est trois heures, trois heures sonnées. »

Augustin entra dans ma chambre au petit jour.

« Je désire, me dit-il, vous introduire au collége