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l’homme à l’hispano

vince, c’est partout à la fois que Paris redevient Paris.

Stéphane ne se lassait pas d’en profiter. Elle jouissait de la triple félicité de se sentir amoureuse pour la première fois, d’être libre avec son amant entre la place Vendôme et le rond-point des Champs-Élysées, et d’avoir un compte ouvert chez tous les fournisseurs qui font, de ce point précis de la France, le comptoir le plus merveilleusement raffiné de l’univers. Ce jour-là, elle rencontra Pascaline Rareteyre.

Elle avait quitté Biarritz deux semaines après son amie et, depuis quelques jours, elle était à Paris. Elle n’avait pas encore eu le temps d’aller au Ritz, Ensemble, elles remontèrent vers l’Étoile. Un souffle tiède rendait la promenade légère. Les deux femmes marchaient avec plaisir et, parce qu’elles étaient belles, les passants quelquefois se retournaient.

— Ton départ n’est point passé inaperçu, dit Pascaline. Chacun s’est rendu compte qu’il coïncidait avec la disparition de M. Dewalter. Tes meilleurs amis en ont parlé.

— Ils y ont trouvé un sujet de conversation, répondit tranquillement lady Oswill.

Elles cheminèrent quelques instants en silence. Pascaline regardait Stéphane et, joyeuse, elle constatait le rayonnement de son visage. Il ne portait plus cette tristesse hautaine qui, autrefois, même dans le sourire, lui donnait de l’aus-