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LES STRATAGÈMES. LIV. II.

IX. De ce qu’il convient de faire après le combat. Si l’on a été heureux, il faut terminer la guerre.

1. C. Marius, ayant vaincu les Teutons, profita de la nuit, qui avait mis fin au combat, pour entourer le reste de leur armée ; et, au moyen d’un petit nombre de soldats, qui poussaient des cris de temps en temps, il tint ces barbares dans l’épouvante, et les priva de sommeil et de repos, ce qui lui rendit pour le lendemain la victoire plus facile.

2. Claudius Néron, vainqueur des Carthaginois qui avaient passé d’Espagne en Italie sous la conduite d’Asdrubal, fit jeter la tête de celui-ci dans le camp d’Annibal. Par là, en même temps qu’il accablait Annibal de la douleur d’avoir perdu son frère, il ôtait à l’armée carthaginoise l’espérance du secours qu’elle attendait.

3. L. Sylla, devant Préneste, fit dresser sur des piques, à la vue des assiégés, les têtes de leurs chefs tués dans le combat, et triompha, par ce moyen, de leur obstination à se défendre.

4. Arminius, général des Germains, fit aussi porter sur des piques, près du camp des ennemis, les têtes de ceux qu’il avait tués.

5. Domitius Corbulon, assiégeant Tigranocerte, et voyant les Arméniens résolus à se défendre vigoureusement, fit mettre à mort un de leurs grands qui était son prisonnier, et lancer sa tête, par une baliste, jusque dans leurs retranchements : par un effet du hasard, elle tomba au milieu des barbares, qui tenaient conseil en cet instant même. À cet aspect, épouvantés comme par un prodige, ils s’empressèrent de se rendre.