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LES STRATAGÈMES.

LIVRE PREMIER.




I. Cacher ses desseins

1. Marcus Porcius Caton, soupçonnant que les villes soumises par lui en Espagne se révolteraient dans l’occasion, sur la confiance qu’elles avaient en leurs murailles, leur prescrivit, à chacune en particulier, de démolir leurs fortifications, les menaçant de la guerre si elles n’obéissaient pas sur-le-champ ; et il eut soin que ses lettres leur fussent remises à toutes le même jour. Chacune des villes crut que cet ordre n’était donné qu’à elle seule. Elles auraient pu s’entendre et résister, si elles avaient su que c’était une mesure générale.

2. Himilcon, chef d’une flotte carthaginoise, voulant aborder inopinément en Sicile, ne fit point connaître le lieu de sa destination ; mais il remit à tous les pilotes des tablettes cachetées portant l’indication de la partie de l’île où il voulait qu’on se rendît ; et il leur défendit de les ouvrir, à moins que la tempête ne les éloignât de la route du vaisseau amiral.

3. Caïus Lélius, allant en ambassade près de Syphax, emmena avec lui des centurions et des tribuns qui, sous l’habit d’esclaves et de valets, lui servaient d’espions, entre autres L. Statorius, que quelques-uns des ennemis semblaient reconnaître, parce qu’il était venu souvent dans leur camp. Lélius, pour déguiser la condition de