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LES STRATAGÈMES. LIV. I.

Ce roi, ne pouvant s’emparer de la Chersonèse, alors au pouvoir des Athéniens, parce que le passage de la mer lui était fermé, tant par la flotte de Byzance que par celle des Rhodiens et des habitants de Chio, sut gagner ces deux derniers peuples en leur rendant les vaisseaux qu’il leur avait pris, comme si cette restitution devait être un motif de médiation de leur part, pour conclure la paix entre lui et les Byzantins, seuls auteurs de la guerre. Puis traînant en longueur cette négociation, et apportant toujours à dessein quelques changements aux conditions du traité, il eut le temps de préparer sa flotte, qui passa le détroit sans que l’ennemi s’y attendit.

14. Chabrias, général athénien, qu’une flotte ennemie empêchait d’entrer dans le port de Samos, envoya quelques-uns de ses vaisseaux en vue de ce port, avec ordre de prendre le large, persuadé que les navires en station se mettraient à leur poursuite. Cette ruse, en effet, ayant éloigné l’ennemi, Chabrias ne trouva plus d’obstacle, et fit entrer dans le port le reste de sa flotte.


V. S’échapper des lieux désavantageux.

1. Q. Sertorius, serré de près par l’ennemi en Espagne, et devant traverser une rivière, creusa sur le bord un fossé en forme de demi-lune, le remplit de bois, auquel il mit le feu ; et, arrêtant ainsi l’ennemi, il passa librement la rivière.

2. Pélopidas, général thébain, recourut à un semblable artifice, dans la guerre de Thessalie, pour franchir une rivière. Ayant donné à son camp une vaste étendue sur la rive, il fit son retranchement avec des troncs d’arbres garnis de leurs branches, et avec d’autres pièces de bois ; puis il y mit le feu. Pendant que les flammes tenaient l’ennemi à distance, il traversa la rivière.

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