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LES STRATAGÈMES. LIV. II.


I. Choisir le moment pour combattre.

1. P. Scipion, en Espagne, ayant appris qu’Asdrubal, général des Carthaginois, s’avançait contre lui en bataille, dès le matin, avec des troupes qui étaient à jeun, retint les siennes dans le camp jusqu’à la septième heure, leur fit prendre du repos et de la nourriture ; puis, quand l’ennemi, pressé par la faim et la soif, et fatigué d’avoir été longtemps sous les armes, se mit à regagner son camp, Scipion fit tout à coup sortir son armée, engagea le combat, et remporta la victoire.

2. Metellus Pius, ayant affaire à Hirtuleius, en Espagne, et voyant que celui-ci s’était approché de ses retranchements dès la pointe du jour, avec son armée rangée en bataille, dans le temps le plus chaud de l’été, se tint renfermé dans le camp jusqu’à la sixième heure du jour ; et, avec ses troupes ainsi ménagées et fraîches, il défît aisément un ennemi que l’ardeur du soleil avait abattu.

3. Le même chef, après avoir combiné ses forces avec celles de Pompée contre Sertorius, en Espagne, avait souvent offert la bataille à ce dernier, qui la refusait parce qu’il se croyait trop faible contre deux. Quelque temps après, s’étant aperçu que les soldats de Sertorius manifestaient un violent désir de combattre, élevant les bras et agitant leurs lances, il pensa qu’il ne devait pas, pour le moment, s’exposer à tant d’ar-

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