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ACA. ACC. ACC.


humeur farouche, difficile, & qu’on ne peut gouverner. Je ne puis traitter avec cet homme-là, c’est un humeur acariastre. c’est une femme acariastre, qui crie jour & nuit son mari, ses domestiques. Il a aussi autrefois signifié Fol.

Sylvius derive ce mot de St. Acaire, parce qu’il guerit les acariastres. Menage veut qu’il vienne du mot Latin acariaster, & Nicod du mot Grec cari signifiant caput, comme si on disoit acaris d’un homme sans teste & écervelé : d’autres du Grec achariastros, qui signifie Opiniastre, ennemy de complaisance, dont les mœurs & les paroles sont desagreables, & tirent sur la folie. Borel le derive de cara, vieux mot François venu d’Espagne qui signifioit un visage renfrogné.

A C C.

ACCABLEMENT. s. m. Charge excessive sous laquelle on succombe. Pendant ce tremblement de terre il y eut un accablement general dont personne ne se pust sauver.

Il est plus en usage au figuré. Les peuples de cette province sont dans un grand accablement à cause des charges. il est dans un grand accablement d’esprit & de douleurs, &c. il est dans un grand accablement d’affaires.

ACCABLER. v. act. Faire tomber une chose pesante sur une autre, qui l’oblige à succomber sous un poids excessif. Il a été accablé sous la ruine de cette maison. les ennemis l’accablerent par leur nombre.

Camden derive ce mot de l’Anglois cablu, qui signifie Opprimer.

Accabler, signifie aussi, Perir de quelque façon que ce soit dans quelque renversement general de l’Etat. Il y eut à Rome bien des gens accablés sous les ruines de la Republique.

Accabler, se dit figurément en Morale des gens trop chargés d’affaires, de debtes, d’imposts, ou de malheurs. Il est accablé de chagrin, de gens qui l’importunent. accablé de vieillesse. accablé de sommeil. on accable la nature en la surchargeant d’alimens, ou de remedes.

On le dit même en bonne part. Accabler de presens, de bienfaits, de complimens.

Accablé, ée. part. pass. & adj.

S’ACCAGNARDER. verbe neut. qui ne se dit qu’avec le pronom personnel, S’accoquiner, mener une vie faineante, libertine, ou débauchée, soit en s’attachant au jeu, au vin, aux femmes ; soit en demeurant au coin de son feu, au lieu de prendre un honneste employ.

Nicod derive ce mot de cagnard, qui est un lieu à l’abri du vent, ou exposé au soleil, où les gueux s’assemblent pour faineanter, qu’on appellé pour cela cagnardins, & cagnardiers.

Accagnardé, ée. part. & adj.

ACCASTILLAGE. s. m. Terme de Marine qui se dit en parlant des chasteaux qui sont sur l’avant & sur l’arriere d’un vaisseau. Et on appelle un vaisseau accastillé, quand il est accompagné de ces deux chasteaux.

ACCELERATION. s. f. Action par laquelle on advance une affaire. Il a obmis plusieurs demandes qu’il avoit à faire pour l’acceleration du jugement de son procés.

ACCELERER. v. act. Diligenter, presser une affaire, une entreprise. La succession eschuë à ce jeune homme fera accelerer son mariage. les corps graves en tombant accelerent leur mouvement en certaine proportion qu’on fait voir dans la Statique.

Ces mots viennent du Latin accelerare, Haster, depescher.

ACCENT. s. m. Prononciation qu’on a contractée


naturellement dans la province où l’on est né. Il est bien difficile de se défaire de l’accent Gascon, ou Normand. on connoist le pays d’un homme à son accent.

Accent, signifie aussi un certain ton de voix qui est souvent une marque de ce qu’on veut dire, qui en fait faire une bonne ou une mauvaise interpretation. On injurie souvent avec un terme de loüange, mais l’accent fait tout.

Accent, signifie en Grammaire certaine marque qu’on met sur les syllabes pour les faire prononcer d’un ton plus fort, ou plus foible. Les Grecs estoient plus curieux observateurs des accens que les François. Le Cardinal du Perron dit que les Hebreux appelloient les accens, gustus, dautant que c’est comme le goust & la sauce de la prononciation.

Il y a trois sortes d’accens, l’aigu, le grave, & le circonflexe. Les Hebreux ont l’accent de Grammaire, de Rhetorique, & de Musique. L’accent en Musique est une inflexion ou modification de la voix, ou de la parole, pour exprimer les passions & les affections, soit naturellement, soit par artifice.

Le Sr. Christian Hennin Hollandois a fait une Dissertation, pour monstrer que la Langue Grecque ne se doit point prononcer suivant les accens, où il dit qu’ils n’ont été inventés que pour faire quelque distinction des mots, qu’on écrivoit autrefois tout de suite ; qu’on ne voit point d’accens dans les manuscrits qui passent huit siecles ; qu’on n’en voit aucuns dans les Pandectes de Florence, qui ont été escrites environ le temps de Justinien ; qu’on n’a commencé à en user communément que vers le dixiéme siecle, ou au temps de la barbarie, où on les a pris pour la regle de la prononciation ; qu’on ne voit point l’usage des accens dans la plus-part des nations, ni en Caldeen, ni en Syriaque, ni parmy les Esclavons, les Moscovites & les Bulgares, ni parmy les anciens Danois, Allemands & Belges ; & qu’ils ont esté inconnus en toute l’Antiquité. Il croit que c’est une invention des Arabes, qui fut perfectionnée par Alchalil vers le temps de la mort de Mahomet. Il adjoûte que les Massoretes de Tiberiade au milieu du sixiéme siecle adopterent cette invention, & l’introduisirent dans la Bible avec les voyelles du temps de Justinien ; & que celuy qui perfectionna les accens fut le Rabin Juda Ben-David Chiug natif de Fez dans l’onziéme siecle ; & qu’on n’a commencé à en faire chez les Grecs qu’en faveur des estrangers, & pour faciliter la prononciation des vers. Ce mot d’accent vient d’accentus Latin d’accino. L’accent regle le ton de la parole.

Les Poëtes & les Amoureux se servent quelquefois du mot d’accent au plur. pour signifier la voix. Les accens plaintifs. les derniers accens. il expliqua sa passion par ces tristes accens.

ACCENTUER. v. act. Marquer les syllabes avec des accens, pour advertir comment il les faut prononcer. Cet e est accentué, il le faut prononcer plus fortement.

ACCEPTABLE. adj. masc. & fem. Ce qu’on ne peut raisonnablement refuser. Ces offres, ces propositions sont acceptables, & ne doivent point être refusées.

ACCEPTANT, ANTE. adj. Celuy qui accepte, qui agrée ce qu’on fait en sa faveur. Dans tous les contracts on dit qu’un acquereur ou donataire est present & acceptant dans les cessions à un absent. le Notaire prend qualité d’acceptant pour le cessionaire.

ACCEPTATION. s. f. Consentement de celuy qui consent, qui reçoit, qui agrée. L’acceptation d’une donation est necessaire pour sa validité.

ACCEPTER. v. act. Recevoir avec agréement le don qu’on nous fait, ou la charge qu’on nous impose.


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