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souvenirs d’une actrice.

couleurs de l’ameublement qui devait s’harmoniser avec le teint, les cheveux, le plus ou moins de fraîcheur de la petite maîtresse qui en était entourée. Quoi de plus choquant, par exemple, que la couleur jaune pour une blonde, verte pour celle qui a le sang près de la peau ? On calculait la manière d’ouvrir un rideau, d’assombrir ou de masquer une trop vive lumière ; un abat-jour disposé avec art empêchait l’éclat des bougies de porter l’ombre sur la figure, de façon à creuser les traits. Le fauteuil, le canapé se plaçaient dans un jour favorable ; enfin un peintre ne met pas plus de soin à faire valoir son tableau, qu’une jolie femme n’en apportait à prévoir ce qui pouvait lui nuire ou la rendre plus gracieuse.

La chambre à coucher était d’une élégance recherchée, car l’usage permettait d’y recevoir des visites avant son lever. Les ruelles ont été chantées par les poètes du temps, et c’était le temple où se prodiguait le premier encens. Lorsqu’une dame sonnait ses femmes, la première camériste, dont le petit bonnet, le chignon, le toupet et le caraco, ne la mettaient pas en rapport avec la maîtresse, cette