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souvenirs d’une actrice.

dans la matinée, et quelques élégants courant les ruelles en négligé de cheval. Le gilet, la cravate et le chapeau rond n’étaient tolérés que le matin chez les dames[1]. On parlait de ce que l’on ferait dans la journée ; on racontait des nouvelles de salon ; on médisait un peu pour égayer la conversation.

Lorsque tout le monde était parti, la belle dame s’habillait d’une redingote du matin, et passait dans son oratoire.

Ce réduit mystique était éclairé d’une lampe d’albâtre en forme de globe, qui projetait une lueur pâle, semblable au crépuscule du soir. Sur un petit autel entouré de fleurs, on voyait un crucifix et une image de la Vierge ; vis-à-vis étaient un prie-Dieu recouvert d’une draperie en velours et le coussin pareil ; un livre d’Heures orné de belles images et fermé par des crochets d’un travail précieux ; sur une tablette se trouvaient réunis les sermons de Bossuet, de Massillon, de Fléchier ; des méditations

  1. Dans une comédie (L’école des Pères de M. Peyre), un père reproche à son fils de se présenter avec cet indécent gilet et cette bigarrure.