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souvenirs d’une actrice.

comte de Tilly, auteur de la romance qui a eu une si grande vogue :

Tu le veux, je pars pour l’armée.

Le comte de Tilly avait, comme Champcenetz, un esprit mordant qui lui faisait de nombreux ennemis. Lorsqu’il prenait quelqu’un à tic, il était d’une amertume extrême et disait des choses blessantes, s’embarrassant peu si ses pointes acérées ne pénétraient pas trop avant. Il fallait se garder de le provoquer, car il était toujours sur la défensive et espadronnait à droite, à gauche. C’était un bel homme, de tournure élégante, d’une figure distinguée ; aussi les femmes l’avaient gâté, et malgré beaucoup d’esprit et de tact, il ne pouvait éviter un air de fatuité et de distraction qui visait à l’impertinence. Il a paru longtemps jeune ; à cinquante ans, on lui en aurait à peine donné trente. Avec tous les moyens de plaire, il déplaisait[1].

Rivarol avait aussi quelque suffisance, mais il

  1. Le comte de Tilly s’est brûlé la cervelle à Bruxelles sous la Restauration.