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souvenirs d’une actrice.

ment de l’oiseau exprimait son bonheur de revoir le printemps, il le célébrait par ses accents joyeux.

Mais bientôt après venait la seconde partie où il roucoulait ses amours. C’était un chant rempli d’âme et de séduction. On croyait le voir voltiger de branche en branche, poursuivre la cruelle qui déjà avait fait un autre choix et s’enfuyait à tire d’ailes.

Le troisième motif était la mort du pauvre oiseau, ses chants plaintifs, ses regrets, ses souvenirs où se trouvaient parfois quelques réminiscences de ses notes joyeuses. Puis sa voix s’affaiblissait graduellement, et finissait par s’éteindre. Il tombait de sa branche solitaire ; sa vie s’exhalait par quelques notes vibrantes. C’était le dernier chant de l’oiseau, son dernier soupir[1].

Je fis un nouvel engagement avec Saint-Georges et Lamothe pour des concerts, à Lille, en 1791. Lorsqu’ils furent terminés, Saint-Georges comptait

  1. Nous ne connaissions point alors cette expression de dialogue ou de situation rendue par un instrument qui peint tout un sujet, et dont M. Berlioz nous a développé les moyens avec un rare talent ; il est poète, il est dramatique dans ses compositions, et vous fait éprouver une émotion qui vous identifie avec le sujet.