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souvenirs d’une actrice.

accorde rarement à ce degré. Elle était aimée pour elle-même, autant que pour son talent, et cet admirable gosier dont le larynx, selon l’opinion de plusieurs docteurs, était de la même nature que celui du rossignol.

Le désir de parler des chanteurs italiens m’a écartée de mon début au théâtre des élèves de l’Opéra et j’y reviens. La liberté de jouer tous les ouvrages me donna la facilité de choisir. J’avais assez de sûreté comme élève de Piccini pour ne pas craindre d’aborder des rôles importants. Je demandai donc celui de la Serva Patrona qui n’avait encore été joué en français que par madame Davrigny, la Damoreau de l’époque, et celui de Colette du Devin de village qui m’avait été montré par madame Saint-Huberty. Il paraissait si étrange, si audacieux alors que l’on osât jouer des ouvrages des grands théâtres, que la plus brillante société vint en foule pour se moquer de nous.

Dubuisson[1], auteur de Tamas Kou-li-Kan, tra-

  1. Il a péri en 1793. On jouait une de ses pièces le jour même où il fut conduit à l’échafaud.