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souvenirs d’une actrice.

succèdent rapidement au théâtre, car elles ne peuvent passer une époque voulue sans risquer de décroître ; plus d’un grand artiste nous en a donné la preuve.

Il est pourtant des talents tellement heureux qu’ils achèvent leur carrière sans s’affaiblir. Ce privilège appartient principalement à ceux qui ont reçu de la nature des dons précieux que l’étude n’a pas détruits ; car une trop grande recherche peut nuire au naturel ; il est si facile de dépasser le but ! L’esprit ne s’apprend pas, a dit un auteur ; la sensibilité, la chaleur, la simplicité de la diction, le goût enfin ne s’apprennent pas non plus. Un maître habile empêche de s’égarer ; il fait valoir les qualités, détruit les défauts : c’est déjà un assez grand bien ; mais il ne peut donner ce qu’on n’a pas. Le talent vrai, est comme l’éloquence, il persuade, il émeut, il entraîne. Ne voyons-nous pas de nos jours une jeune fille dont le génie a deviné tout cela ? Pour son bonheur elle n’a pas vu ses devancières, et son guide[1] a su développer en elle les qualités dont la nature l’a

  1. M. Samson, du Théâtre-Français.