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souvenirs d’une actrice.

Fénélon ! aussi le public ne manquait-il jamais de saisir cette application :


Où prenez-vous ce ton qui n’appartient qu’à vous ?


Dans l’Abbé de l’Épée, lorsqu’il disait « Je serai peut-être un peu long, » on entendait répéter dans la salle « Tant mieux ! » Je me rappelle, au sujet de cette pièce, que lorsqu’elle était en répétition, je demandai à Monvel quel était l’épisode que l’auteur avait choisi. Alors, avec sa complaisance accoutumée, il me raconta le sujet. J’écoutais avec beaucoup d’attention, et cela m’intéressait tellement par la manière dont il me détaillait les faits, que je ne m’aperçus pas qu’il avait fini. « Voilà, ma chère enfant, me dit-il, le récit de mon rôle, que je viens de vous répéter. » Je restai si étonnée, que ça le fit beaucoup rire : on peut juger par-là s’il parlait naturellement ; et quel effet cela devait produire au théâtre.

La carrière des arts est ingrate pour ceux qui en sont les interprètes ; à peine en reste-il un faible souvenir. C’est du temps que le peintre acquiert une