Page:Fusil - Souvenirs d’une actrice.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
199
souvenirs d’une actrice.

Mademoiselle Fiat, qui devait épouser Bordier, quitta le théâtre : ce fut une grande perte.

Mademoiselle Candeille était douée de tout ce qui peut faire une personne accomplie. Sa taille était bien prise, sa démarche noble, ses traits et sa blancheur tenaient des femmes créoles. Elle possédait à un très haut degré plusieurs talents, la harpe, le piano surtout. Elle avait de l’esprit et de l’instruction ; nous avons vu d’elle plusieurs ouvrages qui ont réussi. Elle jouait agréablement la comédie ; c’était la meilleure personne du monde, et elle avait un caractère charmant : enfin elle réunissait à elle seule plus de qualités qu’il n’en eut fallu à plusieurs pour être admirées. Il semblait que les fées eussent assisté à sa naissance et l’eussent douée de tous les dons ; mais, hélas ! on avait sans doute oublié d’y convier une petite fée Carabosse qui s’en était bien vengée, car d’un seul coup de baguette elle avait détruit leur ouvrage. « Tu auras, lui avait-elle dit, un défaut qui t’empêchera de profiter de tous tes avantages, l’afféterie ; tu ne diras rien comme une autre ; tu jetteras tellement tes talents à la tête,