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souvenirs d’une actrice.

Elle s’est mariée deux fois et n’a jamais été heureuse, parce qu’elle avait rêvé au bonheur qui n’existe que dans les romans ou dans les nids des tourterelles. Je l’ai revue en Angleterre ; elle n’était plus jeune, mais toujours bonne, aimable, spirituelle, et toujours ridicule.

On comprend difficilement qu’on ait de la gaîté, du naturel dans la société, et qu’on soit morne et froid sur la scène ; c’est cependant ce qui arrivait à Champville, neveu de Préville. S’il avait pu être au théâtre aussi amusant que dans le foyer, il eût eu un succès brillant. Garçon d’esprit d’ailleurs, c’était un des Coryphées les plus agréables de cette réunion. Lui, Michot, souvent Talma, mais surtout Dugazon, auraient fait oublier une pièce qu’on aurait eu la plus grande envie de voir. C’était un feu roulant de folies. Dugazon avait un fond de gaîté inépuisable : ce n’était jamais pour amuser les autres qu’il était ainsi ; c’était pour s’amuser lui-même. Il avait une incroyable facilité pour copier le carac-


    dramatique qui prouve qu’il en connaissait toutes les expressions.