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souvenirs d’une actrice.

un peu trop vieille pour ce genre de rôles, d’autant plus qu’elle avait conservé ses costumes d’autrefois, sauf la poudre et les paniers. Ces habits lui donnaient une tournure si grotesque, que l’on eut de la peine à s’empêcher de rire en la voyant entrer. Elle n’en revint pas moins comblée d’honneurs et de présents.

Ces deux demoiselles Sainval étaient de bonne famille ; leur mère avait été attachée au service de la reine Marie Leczinska ; leur père était chevalier de Saint-Louis, et leur frère, officier. Ce jeune homme eut une horrible affaire, que j’ai entendu raconter par Monvel et par mon père ; il fut accusé d’avoir tué un de ses amis, officier dans le même régiment. Ils avaient pris querelle pour un passe-droit, à l’occasion d’une promotion ; le jeune Sainval avait, disait-on, plongé son épée dans le cœur de son camarade, avant qu’il n’eût le temps de se mettre en garde. Comme il n’y avait aucun témoin de cette malheureuse affaire, il fut mis à la question et supporta ce supplice sans jamais rien avouer. Il persista à dire qu’il s’était battu loyalement, qu’il