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souvenirs d’une actrice.

prenez pour une personne très frivole, je vois cela.

— Non ; mais pour une personne très jeune.

— Oh ! je sais que messieurs les Anglais ont une opinion prononcée sur la futilité des femmes de notre nation.

— Je vais vous prouver le contraire, madame, puisque je vous crois capable d’une action généreuse.

— Venons au fait.

— Eh bien ! si un drapeau est un dépôt sacré, comme je vous le disais tout à l’heure, jugez ce que doit être l’oriflamme de Charles-Martel, qui, de temps immémorial, a été confié au régiment dont M. de Vergnette est le colonel. Il part ce soir pour Tournay avec plusieurs de ses officiers, qui passeront par des portes différentes ; mais, d’après la nouvelle loi, il est observé, on peut le soupçonner de vouloir émigrer. Il mourrait plutôt que d’abandonner cette oriflamme ; mais, en l’emportant lui-même, s’il est arrêté, il se perdra sans le sauver. Il n’y a qu’une femme tout à fait désintéressée dans