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souvenirs d’une actrice.

sée ; il était peu embarrassant pour la grandeur, mais les franges dont il était entouré le rendaient fort lourd. La voiture était un de ces anciens cabriolets de voyage, qui avait sur le devant une malle en cuir ; cette malle était remplie de sacs d’argent, circonstance que j’ignorais. Je ne m’en aperçus même qu’en chemin, lorsque le mouvement de la voiture en eut détaché les ficelles qui les retenaient. L’argent se répandit alors dans le coffre, et cela faisait un bruit qui s’entendait d’assez loin. On voulut les rattacher, mais c’était impossible. Il n’en fallait pas davantage pour nous faire arrêter à la frontière, puisque la loi défendait d’emporter de l’argent. Si j’eusse été fouillée, j’étais perdue.

« Enfin nous atteignîmes le poteau qui sert de limites. Un douanier vint nous demander si nous n’avions rien de contraire aux ordonnances. Il était monté sur le marche-pied, et sa main était posée sur la malheureuse malle. S’il m’eut regardée, ma pâleur m’aurait trahie. M. Gardner me dit en anglais qu’il allait lui donner un louis d’or ; je lui arrêtai le bras.