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souvenirs d’une actrice.

ble scène portait un intérêt particulier. Qui de nous n’avait là des parents, des amis ou des connaissances intimes ? Chacun voit les choses du point où il est placé. Mais n’anticipons point sur les détails de ces malheureuses journées ! Je les prévoyais si peu le 9 août, que je n’avais jamais été, je crois, dans une aussi parfaite sécurité depuis mon retour de Lille. La capitale était tranquille, on s’occupait de plaisirs, de toilette ; les bals du Wauxhall, du Ranelagh, étaient brillants ; on portait des modes à la Coblentz ; on parlait assez librement sur toutes choses ; enfin on dansait sur un volcan sans en prévoir l’éruption.

Mon père était à Paris depuis quelques jours pour y terminer des affaires ; il logeait rue Saint-Honoré, en face de moi : nous habitions, ainsi que plusieurs autres artistes, un logement dans l’enceinte du théâtre Richelieu. Il paraît que ce jour même du 9 août on s’attendait à quelque chose d’inquiétant, car la garde nationale était commandée pour occuper différents postes.