Page:Fusil - Souvenirs d’une actrice.djvu/270

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
262
souvenirs d’une actrice.

dans son berceau, et revint sur ses pas pour m’embrasser aussi.

— Oh ! mon Dieu, lui dis-je en riant, mais comme tu es tendre aujourd’hui ; ton voyage ne sera probablement pas bien long cependant.

Rien ne pouvait me faire sortir de ma sécurité : hélas ! si je me fusse doutée de ce qui devait arriver et de ce qui était peut-être déjà, quelle affreuse nuit j’aurais passée. On voulait me laisser des forces pour le lendemain. Ma fidèle Marianne, une bonne Languedocienne qui avait sevré ma fille, une de ces femmes qui nous aiment comme si elles étaient de la famille, notre pauvre Marianne, dis-je, se doutait, d’après tout ce qu’elle avait entendu dire, qu’il devait y avoir du bruit ; elle appelait cela du bruit ! mais elle me laissa dormir, car on lui avait bien recommandé de se taire.

De grand matin elle entre dans ma chambre et ouvre mes rideaux ; elle était si pâle, la pauvre fille, qu’elle me fit peur.

— Que se passe-t-il donc ? lui dis-je tout effrayée,