Page:Fusil - Souvenirs d’une actrice.djvu/272

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
264
souvenirs d’une actrice.

son comme sur un château fort dont on voudrait faire le siège. Je fus jusqu’en bas et j’appris qu’il y avait un passage ouvert sur la rue Saint-Honoré ; j’y courus. Heureusement, je vis mon père, qui, me trouvant dans cet état, me fit remonter et remonta avec moi ; mais ce ne fut que pour un moment, car on appelait tous les hommes aux armes ; l’on venait les chercher jusque dans les maisons, et quoique nous fussions au cinquième étage, il craignait d’y attirer ces furieux ; il n’eut que le temps de me dire que la section de mon mari était aux Champs-Élysées. Je rapportai ma pauvre enfant, qui avait trouvé moyen de sortir de son berceau et pleurait au haut de l’escalier. Son grand-père avait pris un fusil, mais il m’avait promis de ne pas quitter la rue Saint-Honoré tant que cela lui serait possible, ou du moins les alentours de la Cour-des-Morts. C’était ainsi qu’on appelait le côté que nous habitions ; il n’était, hélas ! que trop bien nommé en ce moment, car c’était là qu’il y avait le plus de malheurs. Marianne avait eu la précaution d’aller chercher du