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souvenirs d’une actrice.

à peine attaché. Je n’ai pas oublié un mot de son discours, le voici :

« — Citoyen, une députation des Amis de la Liberté s’est rendue au bureau de la guerre, pour y communiquer les dépêches qui te concernent. On s’est présenté chez toi ; on ne t’a trouvé nulle part. Nous ne devions pas nous attendre à te rencontrer dans une semblable maison, au milieu d’un ramas de concubines et de contre-révolutionnaires[1]. »

Talma s’est avancé et lui a dit :

« — Citoyen Marat, de quel droit viens-tu chez moi insulter nos femmes et nos sœurs ?

« — Ne puis-je, ajouta Dumouriez, me reposer des fatigues de la guerre, au milieu des arts et de mes amis, sans les entendre outrager par des épithètes indécentes ?

« — Cette maison est un foyer de contre-révolution. »

  1. Ce discours se trouve textuellement dans le journal de Marat, mais il n’y a ni la réponse de Talma ni celle de Dumouriez. Ces deux réponses manquent également dans l’Histoire de la Révolution, par M. Thiers.