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souvenirs d’une actrice.

reçurent au sortir de la voiture et me gardèrent quelques jours en attendant le retour de madame Saint-Huberty.

J’avais une lettre de mon grand-père pour madame Molé[1]. Je fus parfaitement reçue, mais on m’avait enjoint de n’y aller qu’accompagnée et de n’accepter aucune invitation avant l’arrivée de madame Saint-Huberty qui était en représentation à Marseille[2]. Mon grand-père craignait les séductions de M. Molé qui avait une grande réputation de roué, comme cela se disait alors. Aussi, lorsqu’il lui arriva de retarder la première représentation du Séducteur de M. de Bièvre, par le motif qu’un rhume l’empêchait de parler :

  1. Femme de Molé du Théâtre-Français.
  2. Il a été parlé dans divers ouvrages de la fête qui fut donnée à madame Saint-Huberty à Marseille. Voici ce qu’on lit dans la correspondance de Grimm. « Les dames les plus distinguées de la ville formaient son cortège et montèrent avec elle sur une gondole portant le pavillon de Marseille, qui était entourée de deux cents chaloupes chargées de personnes de toutes les classes. Le peuple, accouru en foule, dansait sur le port ; il y eut des joutes où elle couronna le vainqueur, qui lui fit hommage de sa couronne ; à sa sortie de la gondole, elle fut saluée par une salve d’artillerie, enfin ce fut véritablement la fête de la Reine des Arts. »