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souvenirs d’une actrice.

Madame Saint-Huberty me montra une sollicitude toute maternelle, lorsque je chantai au Concert spirituel, où je débutai, au mois d’avril 1788, après avoir travaillé quatre mois avec Piccini. Je dus au nom de madame Saint-Huberty et à mon âge le succès que j’obtins. Elle avait fondé de grandes espérances pour mon avenir ; mais la Révolution qui devait m’être si fatale commença dès-lors à détruire l’existence à laquelle j’étais destinée.

Ce fut à cette époque que madame Saint-Huberty me présenta chez madame Lemoine-Dubarry, qui réunissait l’élite des célébrités musicales. Parmi tous ceux que je rencontrai chez elle, je ne remarquai alors que le comte de Tilly, Gluck, Rivarol, Grétry, le prince de Ligne et ce malheureux M. de Cussé, député peu d’années après, qui a péri sur l’échafaud ; il était excellent musicien et faisait de très jolis vers. Un jour il eut la malice de m’en faire chanter avant de me les offrir ; comme ces vers, dont il avait fait la musique, sont inédits, et valent la peine d’être conservés, les voici :