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souvenirs d’une actrice.

j’eus l’heureuse idée de poser la couronne sur sa tête. Alors les applaudissements éclatèrent de toutes parts et la pièce continua.

On donna une superbe fête d’adieux à madame Saint-Huberty. Hélas ! je ne la revis plus depuis ce temps[1] ; elle quitta l’Opéra en 1790 et partit avec la comte d’Entraigues qu’elle épousa à Lausanne. « Elle ne cessa d’être une grande actrice que pour se placer parmi les grandes dames », comme a dit un écrivain du temps[2].

Cette grandeur, hélas ! lui fut fatale : elle périt assassinée dans sa maison de Barnner-Tearace, ainsi que le comte d’Entraigues ; j’ai lu sur cette malheureuse catastrophe plusieurs versions qui m’ont paru peu exactes.

Lorsqu’on revient après dix ans d’absence, on doit s’attendre à trouver les choses bien changées ; surtout si une interruption de correspondance, vous

  1. Il fallait qu’elle eût dans ses manières quelque chose de bien imposant, car je n’ai jamais pu me décider à dire : « Ma tante », en lui parlant, tant je la trouvais d’une nature supérieure à la mienne.
  2. Grimm.