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souvenirs d’une actrice.

« — C’est le jour de la signature du contrat, monsieur.

« — Et il y a un bal ?

« — Mais comme vous le voyez.

« — Je vous demande pardon, je suis tout à fait neuf dans ce pays, comme vous pouvez vous en apercevoir ; c’est le marquis de Grammont qui m’a amené du spectacle ici, et qui m’a laissé en me disant qu’il allait revenir. J’ai rencontré cette dame, me dit-il, en me montrant la fiancée qui était tout en blanc, presqu’en costume de mariée ; elle était suivie de la famille : cela ressemblait à la noce de l’opéra du Déserteur. Me trouvant près d’elle au bas de l’escalier, je me suis empressé de lui offrir la main ; mais elle n’a jamais voulu l’accepter, et m’a forcé de monter devant elle. Il a fallu céder malgré ma résistance, et depuis ce moment je suis à chercher quelqu’un qui ait assez d’indulgence pour me mettre au fait ; car je crains de faire encore quelque gaucherie.

« L’air dont il nous parlait était si comiquement niais et faisait un tel contraste avec son sourire