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GHAP. VIII. l'autorité DANS LA FAMILLE. 95

^nts de son mari ; car une femme ne doit jamais se gouverner a sa guise • », Les lois grecques et romaines disent la même chose. Fille, elle est soumise à son père; le père mort, à ses frères, et à ses agnats*; mariée, elle est sous la tutelle du mari ; le mari mort, elle ne retourne pas dans sa propre fa- mille, car elle a renoncé à elle pour toujours par le mariage sacré» ; la veuve reste soumise à la tutelle des agnats de son mari, c'est-à-dire de ses propres fils, s'il y en a*, ou, à défaut de fils, des plus proches parents». Son mari a une telle auto- rité sur elle,, qu'il peut, avant de mourir, lui désigner un tuteur et même lui choisir un second mari •.

Pour marquer la puissance du mari sur la femme, les Ro- mains avaient une très-ancienne expression que leurs juris- consultes ont conservée; c'est le mot manus. Il n'est pas aisé d'en découvrir le sens primitif. Les commentateurs en font l'expression de la force matérielle, comme si la femme était placée sous la main brutale du mari. Il y a grande apparence qu'ils se trompent. La puissance du mari sur la femme ne ré- sultait nullement de la force plus grande du premier. Elle dé- rivait, comme tout le droit privé, des croyances religieuses qui plaçaient l'homme au-dessus de la femme. Ce qui le prouve, c'est que la femme qui n'avait pas été mariée suivant les rites sacrés, et qui, par conséquent, n'avait pas été associée au culte, n'était pas soumise à la puissance maritale^. C'était le mariage qui faisait la subordination et en même temps la dignité de- la femme. Tant il est vrai que ce n'est pas le droit du plus fort qui a constitué la famille I

��i. Lois de Manou, V, 147, 148.

3. Démosthëne, in Onctorem, I, 7; in Bmotum, de dott, 7 ; *n Eub%Uidem,U. bée, de Meneclis hered., 2 et S. Démosthène, in Stephcmum, II, IS.

3. Elle y rentrait en cas de dÎTorce, Démosthène, in Eubul., 4t.

4. Démosthène, in Stephanum, II, 2o ; in Phœnippumf 27; in MacarlaiMm, n. leée, de Pyrrhi hered., 50. — Cf. Odyssée, XXI, 350-353.

5. Gaïua, I, 145-147, 190; IV, 118; Ulpien, XI, 1 et 27.

6. Démosthène, in Aphobum. I, 5 ; pro Phormione, 8.

T. Cicéron, Topie., 14. Tacite, Ann., IV, 16. Auia-Gelle, XVm, 6. On Terra plus loin qa'à une certaine époque et pour des raisons que nous aurons à dire oa a imaginé des modes nouTeauz de mariage et qu'on leur a f>>i wn^^a laa «èmM elleU juridiques que produisait le mariage sacré.

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