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CRÂP. I. LA PHRATRIE ET LA CURIE. 133

que dans la famille. Il consistait essentiellement en un repas fait en commun ; la nourriture avait été préparée sur l'autel lui-même et était par conséquent sacrée; on la mangeait en récitant quelques prières ; la divinité était présente et recevait sa part d'aliments et de breuvage*.

Ces repas religieux de la curie subsistèrent longtemps à Rome; Cicéron les mentionne, Ovide les décrit". Au temps d'Auguste ils avaient encore conservé toutes leurs formes antiques. «J'ai vu dans ces demeures sacrées, dit un historien de cette époque, le repas dressé devant le dieu; les tables étaient de bois, suivant l'usage des ancêtres, et la vaisselle était de terre. Les aliments étaient des pains, des gâteaux de fleur de farine, et quelques fruits. J'ai vu faire les libations; elles ne tombaient pas de coupes d'or ou d'argent, mais de vases d'argile; et j'ai admiré les hommes de nos jours qui restent si fidèles aux rites et aux coutumes de leurs pères' ». A Athènes, aux jours de fêtes tels que les Apaturies et les Thargélies, chaque phratrie se réunissait autour de son autel; une victime était immolée; les chairs, cuites sur le feu sacré, étaient partagées entre tous les membres de la phratrie, et l'on avait grande attention à ce au'aucun étranger n'en eût une part*.

Il y a des usages qui ont duré jusqu'aux derniers temps de l'histoire grecque et qui jettent quelque lumière sur la nature de la phratrie antique. Ainsi nous voyons qu'au temps de Démosthène, pour faire partie d'une phratrie, il fallait être

1. *faTptaxà iiXisia. (Athénée, V, 2) ; Curiales mensse (Festua, p. 64).

2. Cicéron, De orat., I, 7 : dies curiœ, convivium. Ovide, Fasl.,Y\, 305. Den js, n, 65.

3. Denys, II, 23. Quoi qu'il en dise, quelques changements s'étaient introduits. Les repas de la curien'étaient plus qu'une vaine formalité, bonne pour les prêtres. Les membres de la curie s'en dispensaient voluntiers, et l'usage s'était introduit de remplacer le repas commun par une distribution de vivres et d'argent; Plaute, âiilulaire, V, 69 et 137.

4. Isée, de Apollod. hered., 15-17, décrit un de ces repas; ailleurs {de Aêiyph. hered., 33) il parle d'un homme.qui, étant sorti de sa phratrie par suite d'une adop- tion, j était considéré comme étranger; en vain se présentait-il à chaque repas sacré, on n« lui donnait aucune part des chairs de la victime. Cf. Lysias, Fragm., 10 (éd. Oidot, t. II, p. 2S5) : < Si un homme né de parents étrangers m joint k une phratrie, tout Athénien pourra le poursuivre eo justice. »

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