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153 XIVRE III. LA CnÂ.

en dépit de la vogue d'incrédulité qui s'attache à cette ancienne ûistoire. On a bien souvent répété que Romulus était un chef d'avonturiora, qu'il s'était fait un peuple en appelant à lui des •vagabonds et des voleurs, et que tous ces hommes ramassés sans choix avaient bâti au hasard quelques cabanes pour y enfermer leur butin. Mais les écrivains anciens nous pré- sentent les faits d'une tout autre façon ; et il nous semble que, si l'on veut connaître l'antiquité, la première règle doit être de s'appuyer sur les témoignages qui nous viennent d'elle. Ces écrivains parlent à la vérité d'un asile, c'est-à-dire d'un enclos sacré oti Romulus admit tous ceux qui se présentèrent ; en quoi il suivait l'exemple que beaucoup de fondateurs de villes lui avaient donné*. Mais cet asile n'était pas la ville; il ne fut même ouvert qu'après que la ville avait été fondée et complètement bâtie*. C'était un appendice ajouté à Rome, ce n'était pas Rome. Il ne faisait même pas partie de la ville de Romulus, car il était situé sur la pente du montCapitolin, tandis que la ville occupait le plateau du Palatin'. Il importe de bien distinguer le double élément de la population romaine. Dans l'asile sont les aventuriers sans feu ni lieu; sur le Palatin sont les hommes venus d'Albe, c'est-à-dire les hommes déjà organisés en société, distribués en gentes et en curies, ayant des cultes domestiques et des lois. L'asile n'est qu'une sorte de hameau ou de faubourg oîi les cabanes se bâtissent au hasard et sans règles; sur le Palatin s'élève une ville religieuse et sainte.

Sur la manière dont cette ville fut fondée, l'antiquité abonde en renseignements ; on en trouve dans Denys d'Halicamasse,

1. Tite-Live, I, 8 : Vêlera consilio condenlium wrbt*.

2. Tite-Live, 1, 8 : c'est après avoir raconté la fondation de U rillesar l« Palatia

après avoir parlé de ses premières institutions et de ses premiers agrandissements, que Tite-L>ve ajoute : deinde asylum aperit.

3. La villb, urb*, occupait le Palatin ; cela est formellement afflrmé parDenya, II, 69; Plularque, ftomulus, 9; Tite-Live, I, 7 et 33 ; Varron, De ling. lat., VI, î'j ; l'estus, v Quadrala, p. 258 ; Aulu-Gelle, XIII, 14. Tacite, Annales, XII, 24, donne le tracé de celle enceinte primitive, dans laquelle le Capiloliu n'était paa compris. — Au contraire, l'osî/Juni était situé sur la pente du Capitolin ; Tite-Live, 1. g ; Strabon, V, 3, 2; Tacite, Hisloires, III, Il ; Deays, II, Ji; c'était d'ailleur» \)B simple tuctM ou Itfiv »«vXsy, comme U en existait partout en Italie et eu Grèce.

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