Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1920.djvu/201

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du triomphe qui est si connu chez les Romains et qui n était pas moins usité chez les Grecs. Cette coutume était la conséquence de l’opinion qui attribuait la victoire aux dieux de la cité. Avant la bataille, l’armée leur avait adressé une prière analogue à celle qu’on lit dans Eschyle : « A vous, dieux qui habitez et possédez notre territoire, si nos armes sout heureuses et si notre ville est sauvée, je vous promets d’arroser vos autels du sang des brebis, de vous immoler des taureaux, et d’étaler dans vos temples saints les trophées conquis par la lance*. » En vertu de cette promesse, le vainqueur devait uq sacriflce. L’armée rentrait dans la ville pour l’accomplir; eib se rendait au temple en formant une longue procession et en chantant un hymne sacré, 6ptau.poî •.

A Rome, la cérémonie était k peu près la mSme^ L’armée s© rendait en procession au principal temple de la ville ; les prêtres marchaient en tête du cortège, conduisant des victimes. Arrivé au temple, le général immolait les victimes aux dieux. Chemin faisant, les soldats portaient tousune couronne, comme il convenait dans une cérémonie sacrée, et ils chantaient un hymne comme en Grèce. Il vint, à la vérité, un temps où les soldats ne se firent pas scrupule de remplacer l’hymne par des chansons de caserne ou des railleries contre leur général. Mais ils conservèrent du moins l’usage de répéter de temps en temps l’antique refrain, lo triumphe 3. C’était même ce refrain sacré qui donnait à la cérémonie son nom.

Ainsi, en temps de paix et en temps de guerre, la religion intervenait dans tous les actes. Elle était partout présente, elle enveloppait l’homme. L’âme, le corps, la vie privée, la vie publique, les repas, les fêtes, les assemblées, les tribunaux, les combats, tout était sous l’empire de cette religion de la cité. Elle réglait toutes les actions de l’homme, disposait de tous les

1. Eschyle, Sept chefs, 232-200. Euripiae, Phénic, 478.

2. rtindore, IV, i. Photius : JjiaiiSoç, litriftutç v(x>iç, nonirli

î. Tile-Live, XLV, 39 : Diis quoqne, non solum hominibus, dd>eh*r trim jhus.... C<ytuul proficii^cens ad beilum vota in Capitolio nuHOupat;vicor ^rrpelrato bcUo, in Capitolio triumphans ad osdem deos, quitus vota num- oupavil, tncrxia donapojtuU romani iraducit. — Tite-Live, V 23- X 7. Ver-

cjii ffa Wiij ici. VI, 68. Piioe. ;/. .V, VU, sâ; xxitm, 7, M. ’ ' ’ '