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v_ CHAP. IX GOUVERNEMENT DE LA CITÉ. 20Î

êllcR découlèrent des règles mêmes du culte. Le fondateur qui avait posé le foyer sacré en fut naturellement le premier prêtre. L'hérédité était la règle eonslanle, à l'origine, pour la trans- mission de ce culte ; que le foyer fût celui d'une famille ou qu'il fût celui d'une cité, la religion prescrivait que le soin de l'entretenir passât toujours du père au fils. Le sacerdoce fut donc héréditaire, et le pouvoir avec lui'.

Un trait bien connu de l'ancienne histoire de la Grèce prouve d'une manière frappante que la royauté appartint, à l'origine, à l'homme qui avait posé le foyer de la cité. . On sait que la population des colonies ioniennes ne se composait pas d'Athé- niens, mais qu'elle était un mélange de Pélasges, d'Éoliens, d'Abantes, de Cadméens. Pourtant les foyers des cités nouvelles furent tous posés par des membres de la famille religieuse de Codrus. Il en résulta que ces colons, au lieu d'avoir pour chefs des hommes de leur race, les Pélasges un Pélasge, les Abantes un Abante^ les Éoliens un Éolien, donnèrent tous la royauté, dans leurs douze villes, aux Godrides *. Assurément ces per- sonnages n'avaient pas acquis leur autorité par la force, car ils étaient presque les seuls Athéniens qu'il y eût dans cette nombreuse agglomération. Mais comme ils avaient posé les foyers, c'était à eux qu'il appartenait de les entretenir. La royauté leur fut donc déférée sans conteste et resta héréditaire dans leur famille. Battos avait fondé Cyrène en Afrique : les Battiades y furent longtemps en possession de la dignité royale. Protis avait fondé Marseille : les Protiades, de père en fils, y exercèrent le sacerdoce et y jouirent de grands privilèges.

Ce ne fut donc pas la force qui fit les chefs et les rois dans ces anciennes cités. Il ne serait pas vrai de dire que le premier qui y fut roi fut un soldat heureux. L'autorité découla, ainsi que le dit formellement Aristote, du culte du foyer A.a religion fit le roi dans la cité, comme elle avait fait le chef de famille

��1. Nous ne parlons ici que da premier âge des cités. On verra plus loin qa'il TÏat nn temps où l'bérédité cessa detre la règle : h Rome, la royauté ne fut jamais héréditaire; cela tient à ci. que Borne est de fondation relativement récanto «t daU fune époque où la royauté était attaquée et amoindrit pirtout--

2 Hérodote, I, 14»- 143. PausauM», VU, I-*.

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