Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1920.djvu/249

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debout la ville vaincue, envoyer dans ses murs des magistrats pour la gouverner? Il était absolument contraire aux principes des anciens qu’une cité fût gouvernée par un homme qui n’en fût pas citoyen. En effet, le magistrat devait être un chef religieux et sa fonction principale était d’accomplir le sacrifice au nom de la cité. L’étranger, qui n’avait pas le droit de faire le sacrifice, ne pouvait donc pas être magistrat. N’ayant aucune fonction religieuse, il n’avait aux yeux des hommes aucune autorité régulière. Sparte essaya de mettre dans les villes ses harmostes; mais ces hommes n’étaient pas magistrats, ne jugeaient pas, ne paraissaient pas dans les assemblées. N’ayant aucune relation régulière avec le peuple des villes, ils ne purent pas se maintenir longtemps.

Il résultait de là que tout vainqueur était dans l’alternative, ou de détruire la cité vaincue et d’en occuper le territoire, ou de lui laisser toute son indépendance. Il n’y avait pas de moyen terme. Ou la cité’ cessait d’être, ou elle était un État souverain. Ayant son culte, elle devait avoir son gouvernement; elle ne perdait l’un qu’en perdant l’autre, et alors elle n’existait plus*

Cette indépendance absolue de la cité ancienne n’a pu cesser que quand les croyances sur lesquelles elle était fondée eurent complètement disparu. Après que les idées eurent été transformées et que plusieurs révolutions eurent passé sur ces sociétés antiques, alors on put arriver à concevoir et à établir un Etat plus grand régi par d’autres règles. Mais il fallut pour cela que les hommes découvrissent d’autres principes et un autre lien social que ceux des vieux âges.

CHAPITRE XV.

Relations entre les cités; la guerre; la paix ; l’alliance des dieux.

La religion, qui exerçait un si grand empire sur la vie intérieure de la cité, intervenait avec la même autorité dans toutes les relations que les cités avaient entre elles. C’est ce qu’on peut voir en observant comment les hommes de ces vieux âges