Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1920.djvu/334

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

326 LIVRE nr. tes révolutions.

veautél Auparavant les chefs des gentes pouvaient seuls être propriétaires, et voici d'anciens clients ou des plébéiens qui sont riches et qui étalent leur opulence. Puis, le luxe, qui en richissait l'homme du peuple, appauvrissait l'eupatride; dam beaucoup de cités, notamment à Athènes, on vit une partie de membres du corps aristocratique tomber dans la misère. Or dans une société oîi la richesse se déplace les rangs sont bien près d'être renversés.

Une autre .conséquence de ce cnangement fut que, dans la peuple même, des distinctions et des rangs s'établirent, comme il en faut dans toute société humaine. Quelques familles furent en vue ; quelques noms grandirent peu à peu. Il se forma dans la plèbe une sorte d'aristocratie; ce n'était pas un mal; la plèbe cessa d'être une masse confuse et commença à res- sembler à un corps constitué. Ayant des r&ngs en elle, elle put se donner des chefs, sans plus avoir besoin de prendre parmi les patriciens le premier ambitieux venu qui voulait régner. Cette aristocratie plébéienne eut bientôt les qualités qui ac- compagnent ordinairement la richesse acquise par le travail, c'est-à-dire le sentimentdela valeur personnelle, l'amour d'une liberté calme, et cet esprit de sagesse qui, en souhaitant les améliorations, redoute les aventures. La plèbe se laissa guider par cette élite qu'elle fut fière d'avoir en elle. EUo renonça à avoir des tyrans dès qu'elle sentit qu'elle possédait dans son sein les éléments d'un gouvernement meilleur. Enfin la richesse devint pour quelque temps, comme nous le verron» tout à l'heure, un principe d'organisation sociale.

Il y a encore un changement dont il faut parler, car il aid-^ fortement la classe inférieure à grandir : c'est celui qui s'opéra dans l'art militaire. Dans les premiers siècles de l'his- toire des cités, la force des armées était dans la cavalerie. Le véritable guerrier était celui qui combattait sur un char ou à cheval ; le fantassin, peu utile au combat, était peu estimé. Aussi l'ancienne aristocratie s'était-elle réservé partout le drcii «le combattre à cheval ' i même dans quelques villes les nobles

1. Ariatota ■ fût e«tta remarane ane (^ana toutea lea aneiennea ciUa où la caTS-

�� �