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CHAP. X. ÉTABLISSEMENT DE LA DÉMOCRATIE. 381

S’était "accomplie, n’avait pas été Tœuvre des plus basses clas- Bes. Il y eut, à la vérité, quelques villes où ces classes s’insurgèrent d’abord; mais elles ne purent fonder rien de durable; les longs désordres où tombèrent Syracuse, Milet, Samos, en sont la preuve. Le régime nouveau ne s’établit avec quelque solidité que là ou il se trouva tout de suite une classe supérieure qui pût prendre en mains, pour quelque temps, le pouvoir et l’autorité morale qui échappaient aux eupatrides ou aux patriciens.

Quelle pouvait être cette aristocratie nouvelle ? La religion héréditaire étant écartée, il n’y avait plus d’autre élément de distinction sociale que la richesse. On demanda donc à la richesse de fixer des rangs, les esprits n’admettant pas tout de suite que l’égalité dût être absolue.

Ainsi, Solon ne crut pouvoir faire oublier l’ancienne distinction fondée sur la religion héréditaire, qu’en établissant une division nouvelle qui fut fondée sur la richesse. Il partagea les hommes en quatre classes, et leur donna des droits inégaux; il fallut être riche pour parvenir aux hautes magistratures ; il fallut être au moins d’une des deux classes moyennes pour avoir accès au Sénat et aux tribunaux ^.

11 en fut de même à Rome. Nous avons déjà vu que Servius n’abaissa la puissance du patriciat qu’en fondant une aristocratie rivale. Il créa douze centuries de chevaliers choisis parmi les plus r’ches plébéiens; ce fut l’origine de l’ordre équestre, qui fut dorénavant l’ordre riche de Rome. Les plébéiens qui n’avaient pas le cens fixé pour être chevalier, fureni répartis en cinq classes, suivant le chiffre de leur fortune. Les prolétaires furent en dehors de toute classe. Ils n’avaient paa de droits politiques ; s’ils figuraient dans les comices par centuries, il est sûr du moins-qu’ils n’y votaient pas». La consti-

1. Plutarque, Solon, 1 et 18; Aristide, 13. Âristote cité par Harpocration, aux Buis ’IsKtt;, eiiT«î. Pollui, VIII, 129. Cf. laée, de ApoUod. her., 39, «t XnnaSm

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3. Tite-Live, I, 43, Deoys, IV, 20. Ceux dont le cens o’atteigaait pas il soo aa (as d’une liTre) ne formaient qu’une seule centurie, n’avaient par conséquent qu’un seul suffrage sur 193, et t«l était d’ailleurs le mode d« votation que cett« Mutu- rio u éiail jamai* «p^lé* à donner son aullrage.

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