Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1920.djvu/398

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

390 LIVRE IV. LES REVOLUTIONS.

Il semblerait que ces magistrats, élus par les suffrages de leurs égaux, nommés seulement pour une année, responsables et même révocables, dussent avoir peu de prestige et d'auto- rit^. Il suffit pourtant de lire Thucydide et Xénophon pour s'assurer qu'ils étaient respectés et obéis. Il y a toujours €u dans le caractère des anciens, même des Athéniens, une gran- de facilité à se plier à une discipline. C'était peut-être lacon séquence des habitudes d'obéissance que le gouvernemen sacerdotal leur avait données. Ils étaient accoutumés respecter l'État et tous ceux qui, à des degrés divers, le représentaient. Il ne leur venait pas à l'esprit de mépriser un magistrat parce qu'il était leur élu ; le suffrage était réputé une des sources les plus saintes de l'autorité '.

Au-dessus des magistrats qui n'avaient d'autre charge que celle de faire exécuter les lois, il y avait le Sénat. Ce n'était qu'un corps délibérant, une sorte de Conseil d'État ; il n'agis- sait pas, ne faisait pas les lois, n'exerçait aucune souveraineté. On ne voyait aucun inconvénient à ce qu'il fût renouvelé cha- que année ; car il n'exigeait de ses membres ni une intelligence supérieure ni une grande expérience. Il était composé des cinquante prytanes de chaque tribu, qui exerçaient à tour de rôle les fonctions sacrées et délibéraient toute l'année sur les intérêts religieux ou politiques de la ville. 6'est probablement parce que le Sénat n'était èi l'origine que la réunion des pry- tanes, c'est-à-dire des prêtres annuels du foyer, qu'on avait conservé l'usage de le nommer par la voie du sort. Il est juste de dire qu'après que le sort avait prononcé, chaque nom subissait une épreuve et était écarté, s'il ne paraissait pas suf- fisamment honorable*.

Au-dessus même du Sénat il y avait l'assemblée ^u peuple.

1. Ce n'est pas à dire qne le magistrat d'Athènes ait été respecté et surtout re» Jouté à l'égal des éphores de Sparte ou des consuls de Rome. Non-seulement lo U magistrat athénien devait rendre ses comptes à l'expiration de sa charge, mais, dans Vannée même de sa magistrature, il pouTail être destitué par un vote du peuple (Aristote, dans Harpocration, v» »up(a; Pollux, VIII, 87; Démosthène, in Tim<h Iheum, 9). Les exemples d'une pareille destitution sont relativement assez rares.

2. Eschine, m Cteêiph., 2. Démosthène. in Ntiram, I. Lysias, in Philon.^ t Harpocration. t° IviXa^av.

�� �