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CHAP. XÏI. RICHES ET PADVREâ. S99

Il commença par vouloir vivre de son droit de suffrage. Il se fit payer pour assister à l'assemblée, ou pour juger dans les tribunaux •. Si la cité n'était pas assez riche pour subvenir à de telles dépenses, le pauvre avait d'autres ressources. Il vendait son vote, et comme les occasions de voter étaient fré- quentes, il pouvait vivre. A Rome, ce trafic se faisait régu' lièrement et au grand jour ; à Athènes, on se cachait mieux A Rome, où le pauvre n'entrait pas dans les tribunaux, il se vendait comme témoin; à Athènes, comme juge. Tout cela ne tirait pas le pauvre de sa misère et le jetait dans la dégra- dation'.

Ces expédients ne suffisant pas, le pauvre usa de moyens plus énergiques. Il organisa une guerre en règle éontre la richesse. Cette guerre fut d'abord jdéguisée sous des formes légales; on chargea les riches de toutes les dépenses publiques, on les accabla d'impôts, on leur fit construire des trirèmes, on voulut qu'ils donnassent des fêtes au peuple*. Puis on multiplia les amendes dans les jugements; on prononça la confiscation des biens pour les fautes les plus légères. Pout- on dire combien d'hommes furent condammés à l'exil par la seule raison qu'ils étaient riches? La fortune de l'exilé allait au trésor public, d'où elle s'écoulait ensuite, sous forme de triobole, pour être partagée entre les pauvres. Mais tout cela ne suffisait pas encore : carie nombre des pauvres augmentait toujours. Les pauvres en vinrent alors, dans beaucoup de villes, à user de leur droit de suffrage pour décréter soit une abolition de dettes, soit une confiscation en masse et un bou- leversement général.

Dans les époques précédentes on avait respecté le droit de propriété, parce qu'il avait pour fondement une croyance religieuse. Tant que chaque patrimoine avait été attaché à un

1. U«r<b( l««lL«i«ui(rttx%( , Aristophane, Eccles., 280 et suiv. — MitH; jixannV > Aristote, Polit., U, 9, 3; Aristophane, Chevaliers, 51, 255; Quèpes, €82.

2. Xénopbon, Resp. Ath., 1, 13 : Xo^iiyoùv^i ot icX*Û7io>, ^^o^iiYtlTai ii » ^i^o;,

>&T>< XI fxi Mt\ «t «Xcûnti «iv^ntfct yi-f^rifu Ci. Aristojpbane, Cheuaiiêr*, t. 3»s

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