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LIVKE I. ANTIQDES CROYANCES.

providence d'une famille, et n'avait rien de commun avec le feu de la famille voisine qui était une autre providence. Chaque foyer protégeait les siens.

Toute cette religion était renfermée dans l'enceinte de la maison. Le culte n'en était pas public. Toutes les cérémo- nies, au contraire, s'accomplissaient au milieu de la famille seule*. Le foyer n'était jamais placé ni hors de la maison ni même près de la porte extérieure, où l'étranger l'aurait trop bien vu. Les Grecs le plaçaient toujours dans une enceinte' qui le protégeait contre le contact et même le regard des pro- fanes. Les Romains le cachaient au milieu de leur maison. Tous ces dieux. Foyer, Lares, Mânes, on les appelait les dieux cachés ou les dieux de l'intérieur*. Pour tous les actes de cette religion il fallait le secret, sacrifîcia occulta, dit Cicéron * ; qu'une cérémonie fût aperçue par un étranger, elle était trou- blée, souillée par ce seul regard.

Pour cette religion domestique, il n'y avait ni règles uni- formes, ni rituel commun. Chaque famille avait l'indépendance la plus complète. Nulle puissance extérieure n'avait le droit de régler son culte ou sa croyance. Il n'y avait pas d'autre prêtre que le père ; comme prêtre, il ne connaissait aucune hiérarchie. Le pontife de Rome ou l'archonte d'Athènes pou- vait bien s'assurer que le père de famille accomplissait tous ses rites religieux, mais il n'avait pas le droit de lui comman- der la moindre modification. Suo quisque ritu sacrificium fuciat, telle était la règle absolue". Chaque famille avait ses cérémo- nies qui lui étaient propres, ses fêtes particulières, ses formules de prière et ses hymnes*. Le père, seul interprète et seul pon- tife de sa religion, avait seul le pouvoir de l'enseigner, et ne

��l. Isée, De Cironis heredilate, 15» 18. 5. Cette enceinte était appelée Ipxoç.

3. «toi (iûxioi, dit Pénates. Cicéron, De ncU. Deor., II, 27 : Pénates, qvod pe V tus insident. Servius, /En., 111, t2 : Pénates ideo appellantur quod in pêne tralibus œdium coH solebant.

4. Cicéroa, De arutp. revp,, 17.

5. Varron, De ling. lat., VII, 8S.

Hésiode, Opéra, 701. Macrobe. Sat., I, i«. Gic, De Ugib., D, H : Ritu* favi ilim pairumqxt* servaré

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